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Installations aquacoles de l'estuaire de la Charente
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Fouras
Historique
Les premiers réservoirs et parcs à huîtres
L'huître plate, naturellement présente sur la côte charentaise, a été ramassée de tout temps à marée basse en même temps que d'autres coquillages. Des réservoirs, petits enclos murés, ont été aménagés dès le 18e siècle pour leur élevage ainsi que celui des autres coquillages. Cependant, il faut attendre les années 1850-1870 pour que, dans l'estuaire de la Charente, des installations permettent d'élever huîtres et moules. Dans son mémoire publié en 1698, l'intendant Michel Bégon mentionne une autre pêche dans les environs de Saint-Savinien, celle de mollusques bivalves, appelés moules ou palourdes perlières. Cette pêche qui, selon lui, aurait été abandonnée une quinzaine d'années auparavant, reprend dans le cours du 19e siècle, jusqu'au début du 20e siècle, pour la perle mais aussi pour la nacre des coquilles.
Dans son procès-verbal de visite dans l'amirauté de Marennes faite en 1783, Chardon ne mentionne aucun réservoir à huîtres pour l'estuaire, mais note que le poisson pêché au port des Barques et à Marennes est revendu à Rochefort et dans la vallée à Saintes, Pons, Cognac, Angoulême et Saint-Jean-d'Angély. Une cinquantaine d'années auparavant, Le Masson du Parc écrivait que les seuls pêcheurs de mer de l'amirauté de Marennes étaient ceux de La Tremblade, de port de Barques et de Lupin. A cette époque, les huîtres et les moules non découvertes à marée basse étaient pêchées à la drague, cette pêche étant interdite pour les huîtres entre mai et août, époque de leur reproduction. Lors de sa visite au port Lupin, Le Masson du Parc précise que : "Les habitants des villages voisins de ces côtes font durant les basses marées, surtout celles de vives eaux et des grandes malines de mars et septembre, une pesche à la main fort considérable d’huîtres, de moules et d’autres sortes de coquillages. Dans le temps des basses mers des équinoxes, ils y viennent par millier faire cette pesche."
Un plan de 1851 montre "les clairières à huitres" établies sur le lais de mer de la côte sud-est de l'île d'Aix. Le décret du 9 janvier 1852 réglemente cette pratique en imposant une demande d'autorisation du ministère de la marine pour tout établissement de pêcherie, de parc à huîtres ou à moules, formé le long du rivage de la mer ou dans les parties des fleuves et canaux dont les eaux sont salées. Mais le développement des parcs à huîtres marque un temps d'arrêt en raison de la surexploitation des gisements naturels. En 1871, des statistiques sur la pêche dans le quartier de Rochefort indiquent que les bouchots à moules ont été récemment créés ; les parcs à huîtres ne semblent alors pas encore très nombreux. A Port-des-Barques, la culture des huîtres et des moules de bouchots se développe dans ces années-là ; cette pratique occupe notamment une douzaine de femmes qui sont dites "pêcheuses" dans le recensement de 1896. A cette époque, il est dit que la jetée du port sert au transport, par de petites charrettes à bras, des coquillages amenés au port par bateaux. La même évolution se voit à Fouras où des femmes, souvent épouses de marins, sont qualifiées de pêcheuses en 1891, alors qu'aucune mention de ce type ne figure dans les listes de 1851.
L'aménagement de voies ferrées entre Rochefort et Angoulême, puis entre La Rochelle et Rochefort, favorise la commercialisation des produits de la mer de Fouras et de Port-des-Barques.
L'aquaculture dans la première moitié du 20e siècle
La production d'huîtres plates est supplantée peu à peu par celle de l'huître portugaise, introduite accidentellement sur la côte charentaise en 1868, plus facile à élever et à croissance rapide. L'épizootie qui frappe les huîtres plates de Marennes dans les années 1920 entraîne leur complet remplacement par l'huître portugaise.
Au début du 20e siècle, les bouchots à moules qui existent au nord de l'île Madame sont séparés par un intervalle de 20 mètres et sont composés de files de pieux espacés d'au moins 0,70 mètre d'axe en axe et non clayonnés. Ces installations sont signalées par des balises.
En 1910, de nouvelles règles viennent encadrer la construction et l'exploitation des établissements de pêche. Les parcs à huîtres doivent être formés de pierres sèches superposées ou répandues sur le sol, de pieux en bois pouvant être reliés par un clayonnage ou d'un simple talus de vase ou de terre, leur hauteur ne devant pas dépasser 0,80 mètre. Chaque parc est séparé du voisin par un chemin d'un mètre de largeur. Les claires, dans lesquelles sont affinées les huîtres, sont formées d'une bordure de terre élevée de 0,60 mètre au plus, elles peuvent être de forme et de grandeur diverses suivant la nature et les accidents du terrain. Il est pratiqué des chemins d'un mètre de largeur entre les claires pour le service intérieur des établissements. Les naissains sont captés sur des bancs naturels ou dans des bassins aménagés au moyen d'assemblages de tuiles convexes placées côte à côte.
A Port-des-Barques, les aménagements de premières claires au nord-est du bourg semblent dater des années 1910. Dans les années 1930, l'estran situé au nord de l'île Madame est occupé par des bouchots, celui de l'est par des parcs à huîtres. Des demandes de création de parcs à huîtres dans la rivière en limite de la limite de mer sont refusés par crainte de favoriser l'envasement des rives et de gêner la navigation. Une association, dite des boucholeurs de Port-des-Barques, existe en 1931.
L'aquaculture dans la seconde moitié du 20e siècle et de nos jours
Le développement de l'activité aquacole est tel que, vers 1960, la jetée de Port-des-Barques fait encore l'objet de nouveaux travaux pour faciliter le croisement et l'entreposage de brouettes ou de petites charrettes à bras. Une nouvelle épizootie en 1970 a pour conséquence le remplacement de l'élevage des huîtres creuses portugaises par des huîtres japonaises. Les huîtres élevées sur la rive gauche de l'embouchure de la Charente bénéficient de l'appellation Marennes-Oléron, Indication géographique protégée (IGP) depuis 2009. Pour celles de Fouras, comme toutes les huîtres élevées dans le département, elles sont commercialisées depuis 2012 sous la marque "Huîtres Charente-Maritime".
Les ostréiculteurs, comme les myticulteurs, bénéficient de concessions octroyées sur le domaine public maritime. Les parcs de la pointe de la Fumée sont spécialisés dans le captage naturel des naissains d'huîtres, l'embouchure de la Charente créant une salinité favorable à l'éclosion des oeufs. Le captage se fait actuellement sur des coupelles en plastique sur lesquelles les larves se fixent et grossissent pendant 18 mois. Pour la suite de leur croissance, les petites huîtres sont mises en poches de maillages différents selon leur maturité. Ces poches sont déposées sur des tables, structures hautes constituées d'un cadre métallique installées sur le banc, et tournées tous les deux mois pour assurer une forme ronde et creuse aux huîtres. Elles sont ensuite déplacées d'une zone à l'autre pour le complet élevage des mollusques. Certaines huîtres peuvent être expédiées vers la Bretagne et la Normandie pour leur grossissement. Enfin, les huîtres sont affinées dans les claires, bassins creusés dans des sols imperméables. Elles prennent leur teinte verte en absorbant et en filtrant l'eau l'algue, la navicule bleue, jusqu'à leur commercialisation.
Au nord-est du bourg de Port-des-Barques, la zone d'anciens marais transformée en lieu d'activité pour les conchyliculteurs s'est développée vers l'est depuis les années 1950 ; ont été aménagés des claires, des réserves d'eau, des dépôts à coquillages, des quais de déchargement, des cales, des cabanes d'élevage et des établissements d'expédition. Une autre zone, celle de la Garenne à l'ouest du bourg, accueille des claires depuis les années 1950 et des cabanes depuis les années 1970. En outre, une ferme aquacole existe dans l'île Madame. Ces activités sont mises à l'honneur à Port-des-Barques dans un écomusée installé dans le site ostréicole au nord du bourg.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 2e moitié 19e siècle, 20e siècle, 1er quart 21e siècle |
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Description
Dans l'estuaire de la Charente, les installations aquacoles concernent les rivages de l'île d'Aix, Fouras et Port-des-Barques. Elles comprennent des alignements de collecteurs et de tables supportant les poches d'huîtres, ainsi que de bouchots à moules sur l'estran, des claires d'affinage, des bassins, des cabanes et des prises d'eau, sur la rive ou dans les anciens marais.
Détail de la description
Toits |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17051101 |
Dossier réalisé par |
Moisdon Pascale
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Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Vallée de la Charente |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2019 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Installations aquacoles de l'estuaire de la Charente, Dossier réalisé par Moisdon Pascale, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/b77090b9-62ac-4215-b0d4-fbe8465d817c |
Titre courant |
Installations aquacoles de l'estuaire de la Charente |
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Dénomination |
installation aquicole |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Fouras
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Île-d'Aix
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Port-des-Barques